Besoin de temps

Eléianor se réveilla enfin après, lui semblait-il, une éternité. Tout était encore flou mais des formes bizarres se pensaient perpétuellement sur elle jusqu’à ce que quelque chose les repousse. Elle essaya de se redresser un peu et un soupçon de mal de crane lui fit revenir la vue. Des villageois étaient entrain de se retirer alors qu’Alexis continuer de leur hurler de partir. Il revient vers elle et lui demanda si tout allez bien. La Sans Maître se frotta le visage et sentie un truc gluant sur sa main. C’était tout simplement du sang qui avait coagulé pendant qu’elle était évanouie. Le jeune mage lui expliqua qu’elle avait perdu pas mal de sang et qu’il fallait qu’elle se ménage. Elle murmura un bref merci et sentie une aura d’animosité envoyée vers elle. Eléianor vit que Magdea était dans un coin et que ses yeux lui lançaient des éclairs. La jeune fille esquissa un geste pour se sauver mais l’elfe l’en empêcha.

"Je ne veux pas continuer à causer des malheurs autour de moi. Dit-elle au bord des larmes. Je veux m’en allez."

"T'en aller..."

Alexis ne semblait pas enclin à la laisser partir. Elle était une Sans Maître, et souffrait d'une double personnalité... Schizophrénie ?
Quoi qu'il en fut, il fallait soit lui faire faire une introspection, soit lui trouver son maître. Cela devrait permettre de la guérir... Mais les pouvoirs d'Alexis n'étaient pas assez puissants pour la seconde solution... Et la première s'avérait risquée... Si jamais il entrait dans son esprit et que la double d'Eléianor prenait le dessus et l'attaquait, il n'aurait rien pour se défendre.

Magdea était adossée contre un mur, et elle était encore faible. Son déchaînement de pouvoirs l'avait épuisé, tant physiquement que moralement ou psychologiquement. Elle en voulait à Eléianor, ou à sa double, de leur avoir posé tant de problèmes, de l'avoir forcée, elle, à se déchaîner.
Ils étaient débarrassés de la liche, ne savaient pas où était passé Shiro, mais au moins, ils étaient en vie. Cependant, Eléianor était encore avec eux.
Elle aurait bien voulu laisser la Sans Maître ici, seule, voire même l'achever pour la libérer de ses problèmes, mais elle savait qu'Alexis ne le permettrait pas.
Il était trop bon envers les autres. Combien de fois en avait-il déjà souffert ? S'il est bon de sentir la gratitude des gens qu'on aide, est-ce que ça vaut la peine de souffrir à cause des autres ? Alexis était persuadé que oui, mais pas Magdea.

"- Ecoute-moi, Eléianor, dit Alexis. Si tu nous expliques de quoi il retourne... Ta double, pourquoi tu n'as pas de maître et pourquoi tu ne parviens pas à le trouver... On pourra t'aider...
- Mais nous ne pourrons pas t'accompagner."

Magdea s'était levée et avait prononcé ces paroles.

"- Comprends-nous bien, Eléianor. Nous avons un but, nous cherchons la seule personne capable de trouver un moyen de créer un antidote à une maladie grave, qui touche plusieurs villages entiers. Pour l'instant, nous nous sommes fait attaquer par un Sans Maître très puissant, nous avons perdu Shiro et tu nous as aussi attaqué. Il est trop dangereux pour nous que cela se reproduise...
- Magda !"

Alexis semblait outragéer par les dures paroles de son Sùrion. Magdea savait comme lui qu'ils ne pouvaient pas trouver Zaedim Vaddok sans aide, et il était hors de question d'abandonner Eléianor à son sort.

Alexis et Magdea débattirent télépathiquement de ce qu'ils allaient faire, puis ils dirent à Eléianor leurs conclusions.

"- On va chercher un moyen de trouver ton maître ou de te débarrasser de ton double, dit enfin Alexis. C'est très risqué, mais on peut peut-être arriver à quelque chose.
- Après quoi, nos routes se sépareront, dit Magda. Nous essayerons de trouver cet alchimiste par nous-même."




"outragé", pas "outrager", ma chère. "Il est outragé."

Eléianor regarda tour à tour, l’elfe et son sùrion, pour au final hocher de la tête, signalant ainsi qu’elle acceptait leur décision.

**- C’est quoi leur problème à eux deux ? On n’est pas assez bien pour les accompagner. De toute façon nous pouvons nous débrouiller seules, enfin moi je peux me débrouiller seule.
- …
- Déjà que quand on les a rencontré, je les appréciais pas tellement mais maintenant encore moins. Et puis de toute manière…**

"…ils ne pourront pas s’en sortir !"

Mëla fut étonnée de s’être retrouvée brutalement et sans l’avoir décider dans le monde réel. Les autres qu’elle avait critiqués, la regardèrent bizarrement. Sans se démonter, elle essaya de faire croire que tout était sous contrôle.

"Quoi ? On dirait que vous ne m’aviez jamais vu. Vous devriez être habitué à me voir apparaître puis disparaître."

Alexis et Magdea la fusillèrent du regard et elle s’empressa de les imiter puis elle s’adossa contre un mur les bras croisés.

**- Qu’est ce qui te prend ?
- …
- Je peux attendre longtemps…
- …**

"C’est difficile de dire ce qui ne va pas ?" Dit-elle en hurlant.

Les passants s’étaient arrêtés, surpris par ce comportement bizarre. Piquée au vif, Mëla les chassa en lançant des cailloux ou des objets suffisamment volumineux pour ne pas les faire revenir. Puis elle perçut enfin une onde bénéfique qui émanait dont ne sait où mais provenait de l’extérieur de la ville.

**Je l’ai trouvé.**

Bien que ces paroles ne rassurent pas Mëla, ce qui l’inquiétait le plus c’est qu’Eléianor ne se fortifiait pas, bien au contraire. La Sans Maître se leva et se campa devant Alexis.

"Je crois qu’on devrait se dépêcher, il y a un problème."

Mëla regarda sans broncher l’elfe qui avait visiblement changé d’opinion à propos d’elle. Elle était devenue une Sans Maître pour Alexis, ce qu’elle avait toujours souhaité et elle n’allait pas encore risquer sa vie, face à un démon qui ressemblait bien plus à un des leur qu’à un vulgaire sùrion. Surtout qu’en prime, le maître était dans les parages, bien à l’affut. Et l’elfe semblait connaître ces surprenants attaquants.

"Bon courage, petite héros. Moi non plus je n’ai pas de temps à perdre avec vos broutilles de vies. J’espère que ta mort sera longue et dure pour que j’entende les hurlements de ton ange." Lui hurla-t-elle alors qu’il courrait à sa perte.

Sur ces mots, elle décampa dans les ruelles en survolant les badauds qui se sauvaient.